Abriès

Tableau de la chapelle de Pra Roubaud

Ce que nous avons fait

Avant

Après

Déroulement des travaux

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2014

«Mais où est donc passé le cochon ?»

La restauration du tableau de la chapelle de Pra Roubaud

Ce tableau (138 cm sur 176 cm), daté du milieu du XVIIIe siècle, n’est pas une « oeuvre d’art » à proprement parler, mais une « sainte image » ou une « image pieuse », dont la raison d’être était inciter les fidèles à la dévotion ou d’exprimer la dévotion à la Vierge des fidèles du village. On n’en connaît pas l’auteur, ni son identité, ni sa formation, ni le lieu où il exerçait son activité. On peut supposer qu’il était originaire d’une des vallées piémontaises proches, où l’activité de peintre était plus répandue que dans le Queyras.

Que représente ce tableau ?

Il représente une Vierge en majesté, lors de son « assomption », qui est célébrée le 15 août. Ce tableau a donc sa place dans cette chapelle, consacrée à « Notre Dame des Neiges », nom qui est donnée à la Vierge apparue au pape Libère au IVe siècle de notre ère sur une des collines enneigées alors qui entourent Rome.

Ce tableau, en mauvais état, a été restauré à l’initiative de l’Association Queyras Passion, par Mme Carole Descours-Poirson, d’Apt (Vaucluse), et grâce aux fonds donnés par M. le Sénateur des Hautes-Alpes, Pierre Bernard-Reymond, pris sur sa réserve parlementaire.

Les étapes de la restauration

Le samedi 27 juillet, Romain est déjà là, en avance, quand nous arrivons devant l’église du Roux pour accueillir Mme Descours-Poirson, restauratrice de tableaux, venue d’Apt. Son mari l’accompagne. Ils sont tout en blanc et lumineux. Sans entraînement, ils n’en grimpent pas moins bravement le raide sentier de Pra Roubaud. Quelques pauses nous permettent de faire connaissance, de parler du Queyras et de l’Inde, où sont installés deux de leurs enfants.

Le tableau de la chapelle Notre-Dame des Neiges, simplement posé sur l’autel et appuyé contre le mur, est descendu facilement à quatre et déshabillé de son superbe cadre de mélèze. Jacques et Romain sont très adroits dans cette tâche. La toile est étalée à l’extérieur sur deux bancs ; quatre clous la fixaient au châssis, dont un a une tête conique. La restauratrice pose dessus les feuilles de papier japon 21 x 27 que lui tend son mari et, avec un pinceau, elle les enduit de colle. Je tiens le pot ! Il est nécessaire de protéger la toile avec ce papier japon avant de la transporter. Déjà les couleurs et les contours paraissent plus nets ; saint Joseph et saint Antoine du désert se détachent plus clairement. « Mais où est donc le cochon ? », se demande la restauratrice, qui cherche sur la toile cet attribut habituel grâce auquel peut être identifié saint Antoine.

Une famille de trois enfants regarde avec curiosité et plaisir ce travail. Ils promettent d’acheter le magazine Queyras Passion quand ils seront revenus de leur randonnée au col Saint-Martin. La petite fille, âgée d’une dizaine d’années, est attentive. D’un ton décidé, elle nous quitte sur ces mots: « Quand je serai grande, je ferai ça ! »

M. et Mme Descours-Poirson ont prévu de pique-niquer et de se promener jusqu’au fond de la vallée du Guil. Ils s’arrêtent à la maison à Abriès. Mme Poirson nous parle un peu de son métier qui la passionne et nous passionne ; ainsi, de la technique du gesso, c’est-à-dire du gypse. Depuis toujours, on passait sur les toiles avant de les peindre cette couche préparatoire faite de colle tirée de peaux de lapin et de blanc d’Espagne, de craie pilée très finement, etc.

Nous nous quittons bons amis, eux avec un exemplaire du magazine 2013 sous le bras et nous une invitation à aller assister à Apt à une séance de restauration.

Durant près de neuf mois, entre septembre 2013 et mai 2014, dans son atelier d’Apt, Mme Poirson a dépoussiéré la toile, puis a refixé la couche de peinture en passant un adhésif au pinceau. Le revers a été nettoyé avec soin et le vieux châssis a été par un châssis neuf et extensible. Les parties déchirées ont été couvertes. Puis, la peinture a été nettoyée, les bords ont été mastiqués, ainsi que les déchirures. Les parties mastiquées et les zones usées ont été retouchées ; les couleurs, très ternes, ont été ravivées et la toile a été couverte d’un vernis par pulvérisation.

Le résultat se passe de commentaires.

Christine Riou et Jean-Gérard Lapacherie

si vous souhaitez consulter le rapport de restauration élaboré par Mme Descours-Poirson, cliquez ici

2013

Le transport du tableau de la chapelle de Pra Roubaud